De régaliens à galériens … Lorsque l’on a perdu le bon sens…

De régaliens à galériens … Lorsque l’on a perdu le bon sens…

On n’applaudit plus les professionnels de santé le soir. Il parait qu’ils n’en voulaient plus, de nos applaudissements, préférant, on les comprends, des honneurs plus trébuchants. On n’applaudit plus les forces de l’ordre comme après les attentats, l’un ou l’autre ont fauté. Peut-être passe-t-on rapidement des applaudissements aux jets de pierres, dans un pays qui a laissé, petit à petit, ses « régaliens » devenir des galériens.

Des professionnels en mauvaise santé

Au lendemain de faits divers dramatiques, la mode est donc de se laisser aller au « police bashing », ce CRS-SS 2.0. Une chorale bien-pensante, depuis des intérieurs sereins et sécurisés, assure la musique de fond.

Permettez-moi, un instant, de m’étonner de n’avoir entendu aucune supposée « autorité morale » s’émouvoir autant pour les 69 victimes des lanceurs de balles de défense. Emotions sélectives sans doute ?

Le souci des émotions sélectives est justement qu’elle laisse un flou amer sur les causes qu’elles pensent défendre, qu’elles divisent une nation qui plus que juger, doit comprendre comment on en est arrivé là.

Le grand oubli

Les soucis des émotions sélectives, c’est qu’on les sent importées comme le serait une mode, un slogan de marque.

De régaliens à galériens …. Ecris-je ! Comme pour signifier le grand oubli qui nous est commun.

Dans nos conforts à taille variable, nous n’avons pas voulu voir que l’on abandonnait des métiers régaliens. Infirmières, professionnels de la santé, héros de l’urgence à l’instar des pompiers, enseignants à qui incombent de faire d’une jeunesse de plus en plus en friche l’incarnation de nos lendemains. Il y en a d’autres aussi, les petits métiers – sachant qu’aucun n’est sot – qui permettaient aux régaliens de se concentrer sur l’essentiel, sur leur essence en fait. Nous avons laissé ces gens là devenir des professionnels en mauvaise santé, faisant ce qu’ils peuvent pour assurer dans l’honneur leur charge professionnelle.

Gens d’armes et policiers

Et nous arrivons aux gens d’armes et policiers. Oubliés les militaires obligés de se confectionner eux-mêmes et à leur frais des paquetages avant de partir faire briller la Nation. Oubliés les gendarmes que nous aimons à haïr lorsqu’ils nous verbalisent mais qui nous font pleurer lorsqu’à l’instar d’Arnaud Beltrame, ils échangent des vies contre la leur. « Assaut, assaut » cria-t-il à ses camarades pour qu’ils viennent à son secours alors qu’il faisait cadeau de ce qu’il avait de plus cher.

Et voilà la Police… Nous oublions aussi ses victimes, pourchassées jusqu’à chez elles, renversées aussi par des bolides « voyousards ». Nous oublions leurs femmes, leurs enfants, menacés souvent, harcelés parfois. Certains sont exfiltrés et déplacés d’un bout à l’autre de la France pour échapper à de menaçantes pressions.  Voilà aussi pourquoi je soutiens les gens d’armes et policiers, quand, fuyant les responsabilités, certains en font des lampistes.

Comment avons-nous pu laisser des régaliens devenir des galériens ? La question se pose… Avons-nous perdu la tête si ce n’est le bon sens ? Avons-nous mélangé les lettres autant que l’esprit ?

3 Millions d’interventions annuelles, 8.000 quotidiennes… Mais tout dérapage est naturellement de trop. Tout cela venant d’hommes et de femmes mobilisées au quotidien, soumis à pression et tension, à la sauvagerie de certains manifestants. Laissons faire la justice, car la présomption d’innocence s’applique à tous, pour ne pas dire à chacun.

Quel prix pour nos sécurités ?

Posons-nous collectivement aussi la question de savoir si nous n’avons pas une responsabilité. L’éducation, la santé, la sécurité, pour ne citer que ces métiers, cela se paye. Les hommes et les femmes qui en sont, réduits à l’idée de ressources humaines, méritent mieux.

Un salaire, un droit à la formation continue, une écoute, un suivi … En quelque sorte, le prix de notre quiétude… De nos sécurités.

Nous avons oublié que notre confort et notre qualité de vie individuelle dépend de l’engagement pour « le collectif » .

Leur jeter la pierre ? Jamais ! Je laisse cela à ceux qui sont sans foi ni loi. Nous interroger collectivement, oui, il est temps. Soutenir ceux qui se battent pour nous, toujours !

Je suis police, gendarme, personnel de santé, pompier, enseignant … Ces régaliens dont nous avons fait des galériens du quotidien.

Stéphane Bourhis

Ancien élu local et conseiller municipal de Hoenheim, Stéphane Bourhis est président du Mouvement de la Ruralité en Alsace et fondateur de Touche Pas à l’Alsace.

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