Européennes, parlons droites et perspectives alsaciennes

Européennes, parlons droites et perspectives alsaciennes

On continue à parler des élections européennes et de la droite. On continue aussi sous la forme d’un entretien avec Stéphane Bourhis. On évoque une droite régionale qui dit ce qu’il fera et fera ce qu’il dit ! A vous de lire…

On parle défaite de la « droite » et te voilà de « parodier » de Gaulle…

Stéphane Bourhis :  Il parlait Europe, parlons Droite(s). « Alors, il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités. Bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « La Droite ! », « La Droite ! », « La Droite ! »  Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont. (…) Alors, vous en avez qui crient : « Mais la Droite, la Droite supra-partisane ! Il n’y a qu’à mettre tout cela ensemble, il n’y a qu’à fondre tout cela ensemble, les LR avec les Centristes, les Souverainistes avec les Radicaux de droite, etc. » Oui, vous savez, c’est commode et quelquefois c’est assez séduisant, on va sur des chimères, on va sur des mythes mais ce ne sont que des chimères et des mythes. Mais il y a les réalités, et les réalités ne se traitent pas comme cela. Les réalités se traitent à partir d’elles-mêmes. »

Comme une envie de parodier le Général de Gaulle au lendemain des élections européennes. D’ailleurs, je pourrais aussi sauter comme un cabri en en disant « de Gaulle ! », « de Gaulle ! », « De Gaulle ! »  Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien…

« La Droite » ne se souvient que de Gaulle que lorsque tout va mal ! sans doute parce que lorsque tout allait mal, il fut un recours. Aujourd’hui, Charles de Gaulle est mort, qu’en est-il de la droite ?

Le temps passe et impose de nouvelles recettes.

J’entends certains, prompts à partir avec mandats et bagages, « agir » ailleurs. LREM n’est pas Londres et, à la tablée des arrivistes, les meilleures places ont été déjà prises.

J’entends d’autres retourner leurs vestes et pantalons à peine rangés les seaux de colle. Ils sont loin du gaullisme. Le pire étant cette notion de « droite moderne » … Si « être dans le vent est l’ambition des feuilles mortes », cela en dit déjà long.

J’entends enfin certains dire qu’il faut rajeunir… François Xavier Bellamy a 33 ans, Anne Sander 45 ans. L’âge n’est donc ni le souci, ni la solution ….

La défaite de la droite, de sa pensée pose la question d’une analyse de ce qui a provoqué « la chute », de l’évolution des attentes politiques, d’un retour aux idées et d’un renouvellement du comportement politique…

Vouloir passer outre, par confort ou se diviser par ambitions ou panique serait dramatique.

Dans la tempête, le cadre politique doit aussi penser aux militants, sans qui il ne serait rien. Un autre oubli…

Soit mais c’est quoi le diagnostic ?

Stéphane Bourhis : Je vais mettre à fond un morceau de Jim Morrison … Plus sérieusement, commençons par analyser les résultats des bureaux de vote les plus « bourgeois » en Alsace. Ils avaient commencé à basculer lors des présidentielles, ils sont aujourd’hui passés « macronistes ».

Je propose de relire les analyses des votes en fonction du niveau de vie…

 LREM a ressemblé d’abord ceux qui lui ressemblent. Aujourd’hui, il incarne une droite à haut niveau de vie et une autre qui a une appétence pour le calme (face à la révolte des gilets jaunes par exemple).  N’oublions pas que la « droite macroniste » est celle qui répondit aux Gilets Jaunes par les LBD comme une autre répondit un temps aux manifestations par des « Voltigeurs ».

Aujourd’hui, c’est le grand Amour entre cette droite là et Emmanuel Macron ou ce qui en porte le « stampel », la marque.

D’ailleurs notons que nous ne sommes pas encore dans le nouveau monde promis, « la droite macroniste » conduite juste une révolution aussi bourgeoise que douce puis que lorsque l’on a les moyens de la bourgeoisie aujourd’hui, tout semble si doux.

De l’autre côté, il existe une « droite populaire » si ce n’est populiste qui a préféré « donner une fessée à Manu ». C’est la droite des quartiers « où une partie des élus de droite ne vont plus », des grands ensembles, la droite « poujadiste » ou « ouvrière ». Elle a franchi le pas d’autant plus rapidement qu’elle n’accepte plus qu’on lui donne des ordres.

D’une certaine façon, il y a fort à penser que ces électeurs de droite aient aussi voulu faire payer une addition à une droite qui ne respecta pas sens engagements de campagne et qui passait son temps à ne plus être de droite…

Et la droite Bellamyste ?

Stéphane Bourhis : Il faut respecter la campagne et les propos de François Xavier Bellamy, digne pendant la campagne, digne au moment de la défaite. Alors qu’il est l’objet d’attaques, il fait + 30 % d’opinions favorables …

On peut aussi sacrifier, rite païen s’il en est le où les chefs pour que les « dieux » permettent des victoires. Encore faut-il savoir à quels dieux on se raccroche là.

Mais pour en revenir à la droite, elle a passé la campagne entre le marteau et l’enclume. Faîtes en l’expérience, il en va de même avec le métal comme un score électoral, à la fin, il s’aplatit

Il y a des choses à dire mais le lâcher en rase campagne comme le font certains leaders auto-proclamés de droite est honteux et ridicule. Ce moment où encore une fois, ces gens-là montrent à l’électeur que « la droite » dont ils se disent les hérauts n’est pas de droite et n’a pas de héros. Leur colonne vertébrale supposée idéologique a fait « pshitt ». La souplesse idéologique n’est pas une absence de valeurs…

Mais pour en revenir à la droite, elle a passé la campagne entre le marteau et l’enclume. Faîtes en l’expérience, il en va de même avec le métal comme un score électoral, à la fin, il s’aplatit…

Entre le marteau et l’enclume… Voilà qui laisse peu de perspectives !

Stéphane Bourhis : J’ai posé des perspectives dans un entretien précédent… L’heure est à l’analyse…

En 2017, je craignais une défaite de la droite aux Européennes. Je m’appuyais sur les motivations électorales ressenties et exprimées par la population.

La lutte contre le terrorisme, la lutte contre l’immigration clandestine et la lutte contre l’insécurité dominaient les « motivations ». Se rajoutaient le chômage, le pouvoir d’achat… Deux motivations environnementales, l’écologie, la santé…

L’Europe était loin des cœur (Elle fut absente de la campagne) … Rajoutons y vote sanction et nous y voilà… Je ne serais pas complet sans mentionner l’échec des grands partis « de droite » : Le Parti Conservateur, Forza Italia et dans une moindre mesure, la CDU…

Les perspectives ? Maurras disait que le désespoir en politique est une sottise ! L’inconscience y est une folie. La droite n’a pas pris conscience des déceptions provoquées. J’entends désormais qu’il faudrait rassembler le droite et le centre…

Tu souris ?

Stéphane Bourhis : Cette solution est soit la marque d’un profond humour, puisque la droite et le centre étaient alliées depuis VGE jusqu’à ce que le centre ne rejoigne LREM par le biais des élus Modem et Agir, emmenant avec eux mandats et élus.

Soit par une incohérence puisque c’est l’échec de cette alliance est qui l’une des racines du mal.

A propos d’alliance. Quid d’une « union des droites » ?

Stéphane Bourhis : Je peux reprendre mon propos sur le cabri ? Bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « La Droite ! », « La Droite ! », « La Droite ! »  Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.

Il ne reste plus que 3 % du côté de l’UDI, quelques gaullistes supposés chez Dupont Aignan… Mais vous allez parler d’une autre chimère, « la grande union des droites » … 37.12 % si l’on additionne « faussement » toutes les listes marquées à droite

S’il s’agit de s’unir pour sauver des mandats, c’est perdu ! Certains veulent en gagner, d’autres s’accrocher aux leurs. Mais je pense qu’il faut penser au-delà des écuries et de leurs « chapeaux à plumes ». Aucun parti ne peut monopoliser une pensée surtout lorsqu’il faut l’impasse sur la pensée.

La Droite rêvait de créer une CSU lors de ses belles années, elle devra peut-être le faire pour sauver l’Alsace et se sauver elle-même.

S’il s’agit d’un « mouvement d’idées », restent à définir les plus grands dénominateurs communs et leurs incarnations dans nos régions…

Tout finit toujours par l’Alsace ?

Stéphane Bourhis : Je pense que c’est une voie. A condition que la droite soit claire sur l’Alsace. Elle rêvait de créer une CSU lors de ses belles années, elle devra peut-être le faire pour sauver l’Alsace et se sauver elle-même. Expliquer aux électeurs qu’elle ne prend pas ses ordres à Paris, qu’elle a du cœur et que ce cœur est « alsacien ».

Dessin JFK

Charles Millon écrivait récemment dans L’Incorrect : « Hier le combat était entre socialistes et libéraux, demain il sera entre girondin et Jacobin ». J’ai fondé « Touche Pas à l’Alsace » dans cet esprit… Mais lisons ce qu’il écrit « Un élu local comme un président de région est tout à fait capable de traiter la question de l’islam. Pour un président de région, le système éducatif ou la gestion de l’urbanisme sont des outils adéquats contre les tendances séparatistes. De plus, le système de la charia est interdit par notre législation, je ne vois pas au nom de quoi il pourrait avoir droit de cité. On n’a pas besoin pour cela d’un président de la République tout puissant qui étouffe les territoires. Je préfère un système girondin qui met en œuvre une démocratie locale, c’est comme cela qu’on pourra lutter efficacement contre l’islamisme.

Pourquoi est-ce si important d’être girondin ?

C’est la seule méthode qui permette de concilier la réalité et les convictions. Sinon, on est prisonnier d’une idéologie ou d’hommes politique qui poursuivent des projets personnels. Dans une collectivité locale à taille humaine, l’idéologie politique n’infuse pas…Plus on s’approche de la réalité locale, moins l’idéologie existe ».

Je suis conservateur dans mes racines, (r)évolutionnaires socialement et sociétalement, respectueux de l’environnement

Et toujours là même question : toi ?

Stéphane Bourhis : Je pense qu’il est temps d’agir mais encore une collectivement. Si je devais me définir, je revendrais à ce que je pense. Je suis conservateur dans mes racines, (r)évolutionnaires socialement et sociétalement, respectueux de l’environnement parce que respectueux de ce qui constitue nos identités.

Je vais relire l’Essence du Politique de Julien Freund. Pour moi l’important c’est désormais ce dire ce que l’on veut faire et si l’on a la chance d’être élu, de faire ce que l’on a promis. La reconstruction passe par là !

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