Grand-Est : la grandeur ne fait pas le bonheur.

Grand-Est : la grandeur ne fait pas le bonheur.

Au-delà de toutes les critiques, alors qu’un nouvel événement politique vient la secouer, il pourrait être utile de verbaliser et souligner un autre défaut de « conception » de la région Grand-Est qui est sa taille. L’argument a peut-être été mis trop facilement de côté, mais il est essentiel.

Une région dont l’Histoire, les centres d’intérêts, les pôles d’attractivité s’opposent, « grande comme deux fois la Belgique » selon la formule consacrée est une région qui use !

S’il existe en Europe, de grandes régions, elles sont généralement nées d’un vécu et d’un regard partagés, de points communs, consolidés par le temps, le destin, l’Histoire. Elles ont fusionné naturellement.

Concernant le Grand-Est, nous en sommes loin. Pire, le temps confortent l’idée d’un mariage forcé et usant.

  • L’usure première est celle des hommes qui ne sont qu’humains.

 Le kilométrage parcouru par les deux présidents démissionnaires et leurs VP doit être impressionnants ( que cela soit en voiture, en transports en commun). Il en va de même pour les services et les multiples directions. Comprenons ici tout le poids de l’usure

Le temps passé dans les déplacements, la fatigue accumulée, les lenteurs provoquées ne constituent pas un facteur d’efficacité, ni de motivation. Finalement, à chaque décision, à chaque réunion, on se quitte et on s’éloigne les uns des autres

Cette usure n’est pas compensée par des nouveaux moyens de communication qui ne peuvent que compléter les rencontres réelles sans les remplacer sur le fond.

  • La seconde usure est celle de la confrontation permanente Naturellement, à l’échelle du territoire alsacien, on pense là à la confrontation institutionnelle entre les pro-Grand-Est et les pro-Alsace, mais elle cache un antagonisme naturel entre des régions qui ne convergent pas, qui ont des jalousies ou des envies légitimes les unes par rapport aux autres.

S’il existe naturellement des moments et des opportunités pour jouer collectifs, la nature est telle que certains en veulent aux « Alsaciens » et d’autres aux Lorrains, pendant que les Champenois peuvent se tourner vers Paris pour imaginer leur développement.

Ce confrontation permanente est clairement créatrice ou révélatrice de tensions, de conflits, d’appréhension.

Le lien entre les régions créé par le Grand-Est est inexistant ou factice.

On rajoutera là, à titre d’exemple, que la « grandestisation » de campagnes de communication, fut-ce dans le tourisme est un échec ! A vouloir apporter à tous, on n’apporte à personne et on efface les spécificités à valeur ajoutée

Bien entendu, la volonté exprimée de créer – ex-nihilo, une identité grandestienne est également une impasse !

  • La troisième usure est celle d’appauvrissement prématuré de l’institution, des institutions.

Les seuls à pouvoir voir un intérêt immédiat au Grand-Est sont finalement les « cadres administratifs » de l’ensemble Grand-Est. La dimension de la région leur fait miroiter des salaires liés au nombre d’habitants de leur institution. Ils sont les serviteurs des institutions et on ne le jugera point.

De facto, la Grand-Est attire les talents administratifs, mais appauvrit l’ensemble des autres collectivités en les asséchant de talents qui seraient plus utiles dans la proximité.

Sauf que ces usures finissent par empêcher l’encadrement et le fonctionnement efficient de la région. Rajoutons encore les nombreux élus « encadrants » qui font le choix d’aller vers d’autres cieux et lâchent « leur région » et leurs collègues.

S’ajoute finalement l’absence de cohérence, de visée et de vue politique partagée sur un si grand territoire. Un grand-est ? Pour quoi faire ?

Une fois posé cela, un retour à des régions réelles s’impose naturellement tout en songeant à donner à celles dont l’Alsace souhaite se séparer les moyens d’un développement repensé.

L’Alsace, elle, doit retrouver une taille qui lui permette de rayonner, de conserver son agilité, de s’adapter à ses frontières, mais de travailler avec d’autres lorsque cela peut réaliser de vrais gains d’efficacité (et non les promesses vaines, à ce jour, des économies d’échelles).

Elle doit aussi profiter des gains et ressources qu’une gestion responsable et rigoureuse avaient permis de constituer tant dans les ligues sportives que dans les institutions porteuses de l’idée régionale

Cela passe aussi par un front politique uni… Autre débat que celui-là!

Stéphane Bourhis

Fondateur de Touche Pas à l’Alsace

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