Schiltigheim – Départ d’Heineken : Tu es bière et sur cette bière, je bâtirais …
L’annonce du retrait de la marque Heineken de Schiltigheim choque les esprits. D’ici trois ans, la marque devrait disparaitre, lâcher l’ancre de la Brasserie de l’Espérance pour voguer vers d’autres unités de production. Et tout cela de poser la question du rapport de Schiltigheim avec son Histoire, d’éviter l’ultime mise en bière et de se repenser … Encore une fois, noch e mol…
On en oublierait presque que la mythique capitale des brasseurs fut un temps un haut lieu du « champagne » en Alsace, que l’on y fabriquait des futs de chênes destinés aux vins d’Alsace et que l’on y distillait bien des fruits…
« Wie es mousse »
En mémoire, nous avons naturellement les brasseries, la bière d’Alsace produite « wie es mousse » par des brasseurs et ouvriers qui en ont fait la légende et la renommée. On pourrait là tous les citer, mais sans oublier le passé, c’est bien vers l’avenir qu’il faut se tourner, le tout en se réinventant.
On peut imaginer tourner la page brassicole et laisser place à de l’immobilier bétonnant ne gardant les noms de brasseries uniquement pour les donner à des ruelles grises. On peut aussi se dire qu’il est peut-être temps de rendre possible une « cité de la bière ».
Peut-on imaginer faire une cité de la bière sans brasserie ? Naturellement non ! Aussi faut-il rendre possible et opérationnelle le maintien d’une activité brassicole moderne et rentable dans la ville. On pense ici accessibilité, logistique, recherche d’efficacité et éco-responsabilité…
Une cité de la bière ?
Peut-on continuer à imaginer une Alsace, région de cœur avant qui sait un jour de redevenir une région tout court, sans un ou plusieurs musées de la bière ? Schiltigheim devrait, en milieu urbain avoir pris cette place depuis longtemps, disposer d’un élément d’attraction fort et patrimonial.
Ne faut-il pas déconcentrer l’offre muséale hors de Strasbourg ?
Peut-on prolonger la chose en se disant que le long d’une « route de la bière d’Alsace », Schiltigheim pourrait adosser à un tel musée, à une ou plusieurs brasseries, un pôle touristique mettant en avant le bien-être et l’art de recevoir à travers un établissement de loisirs dédiés à la bière et au houblon…
Une « houblonnière » ?
En dehors de spas à la bière, de nombreuses boutiques de beauté mettaient en avant, cet été, des produits de beauté à base de bière, de Prague à Pilzen.
Et il y a l’avenir aussi… Est-il impossible de penser à une école des brasseurs au moment où tant de micro-brasseries fleurissent en Alsace ?
Est-il utopique de rêver à une « couveuse » de brasseries à Schiltigheim ou d’inventer une houblonnière, pépinière d’entreprises et de start-ups autour des thématiques de l’eau, de l’environnement, de la bière et des boissons ?
Est-il impossible d’imaginer aussi Schiltigheim se doter, sur une partie des 12 ha du site d’un lieu festif, culturel à la fois in et out-door, capable de donner lieu à une fête de la bière repensée à la manière de certains festivals bretons ?
Les idées fusent, mais nous savons qu’elles n’ont de sens que si elles sont reprises par d’autres, rendues économiquement réalistes et portées collectivement.
Panser le présent et penser l’avenir.
Commençons donc par mettre l’imagination au pouvoir. Cette pensée pourrait même plaire aux majorités schilikoises et strasbourgeoises du moment.
Après, il faut aussi oser savoir se mettre autour d’un stammtisch, de la table, pour panser le présent et penser l’avenir.
Au-delà du rêve, il faut aussi savoir être pragmatique pour trouver – ENSEMBLE – les financements et se donner les moyens de la réussite…
Bref se remonter les manches, mobiliser les compétences et oser réaliser ce qui peut sembler impossible… Il y a là une opportunité unique de repenser collectivement Schiltigheim et au-delà la petite Eurométropole du Nord. La volonté peut ouvrir la voie ! Non ?
Stéphane Bourhis
A propos
Stéphane Bourhis est ancien conseiller municipal de Hoenheim, délégué LR de la 3ème circonscription du Bas-Rhin et chef d’entreprise engagé en Alsace.
